Le 31 janvier 2023, le Conseil Régional d’Agadez (CRAZ) a reçu, dans ses locaux, une délégation du Royaume des Pays-Bas en visite ministérielle dans la région. Les discussions ont porté sur plusieurs aspects de la coopération entre les deux pays, notamment sur la sécurité et la consolidation de la paix. Au cœur des échanges, le phénomène de la migration dont un diagnostic a été fait en vue de proposer des perspectives pour la stabilité de la région.
Sous la conduite de la ministre hollandaise du Commerce Extérieur et de la Coopération au Développement, Mme Liesje Schreinemacher, accompagnée du ministre des Migrations, M. Eric Van Der Burg, de l’ambassadeur du Royaume du Pays-Bas au Niger, M. Paul Tholen, du Directeur Général de la migration, la délégation a été reçue par le président du Conseil régional d’Agadez, M. Mohamed Anacko, en présence de ses deux vice-présidents, du secrétaire général, des conseillers régionaux et assistants techniques.
Après le mot de bienvenue du président du Conseil Régional d’Agadez, les personnalités ont fait le tour d’horizon des questions de développement pour une meilleure coopération entre le Niger et les Pays-Bas.
Dans leurs interventions, les diplomates hollandais se sont particulièrement intéressés à la problématique de la migration afin de diagnostiquer ses causes, ses défis et proposer quelques perspectives pour la stabilité de la région. A cet effet, ils ont également appréhendé les effets de la législation et la politique nationales relatives à la migration sur la région en vue de renforcer les liens de coopération avec les autorités régionales.
Prenant la parole, le président du conseil régional d’Agadez a présenté la région dans ses aspects sociodémographiques avec un zoom sur les défis migratoires et sécuritaires. Pour Mohamed Anacko, « la migration a eu des impacts sur les services sociaux de base, et a contribué à une croissance démographique insupportable à la région, en particulier dans les grands centres urbains ». Le phénomène de la migration a aussi eu des « impacts sur les services d’environnement par les problèmes d’hygiène, d’assainissement, de l’eau potable, et une pression sur les infrastructures éducatives et sanitaires ».
Toutefois, souligne, le président du conseil régional, « Agadez, du fait de son hospitalité légendaire, n’a jamais failli dans la livraison des sévices mêmes aux populations migrantes ».
Mohamed Anacko estime, par ailleurs, que malgré la criminalisation de la migration par la loi 2015-036 du 26 mai 2015, « ce nouveau contexte devrait donner l’opportunité aux principaux acteurs de la migration incriminée (jeunes et ex-combattants) d’une réinsertion socioéconomique à même de les fixer dans leur terroir afin de tourner le dos à ce phénomène ».
Juste après l’adoption de cette loi, rappelle-t-il, les collectivités de la région ont clairement identifié les véritables acteurs et amorcé un dialogue avec eux. Elles ont, selon lui, proposé des mécanismes de réinsertion qui tiennent compte des réalités culturelles du milieu.
En outre, dans le cadre de la stabilisation de la zone, Mohamed Anacko a énuméré les différents instruments mis en place par le CRAZ, notamment au profit de différents acteurs de la migration pour qu’ils ne cèdent pas aux tentations des extrémistes et des groupes armés qui écument le Sahel. En ce sens, soutient-il, le CRAZ s’est donc positionné comme un bouclier contre le terrorisme et un rempart pour la construction de la paix.
Pour mitiger les effets pervers de la migration sur la région, le président du CRAZ a dégagé quelques axes d’interventions. Il s’agit, selon lui, d’un accompagnement des anciens combattants et prestataires de la migration à travers un appui au développement des productions agropastorales ; d’un appui à la création des unités industrielles de transformation des produits agropastoraux ; d’un appui à la formation et équipement des orpailleurs ; de renforcement de la souveraineté énergétique pour faciliter la mise en place par les jeunes des petites et moyennes entreprises centrées sur la valorisation des potentialités naturelles de la région.
Il s’agit également d’aider les jeunes de la région à capter les dividendes migratoires à travers :
– l’organisation des ex-prestataires de la migration en entreprise de transport et de restauration pour qu’ils intègrent le circuit de gestion de la migration ;
– le renforcement des capacités d’accueil de la région pour lui permettre de gérer les migrants de transit et fixer ceux des autres afin qu’elle parvienne à exploiter les opportunités liées à la migration ;
– la délocalisation des centres d’accueil et de transit des migrants et réfugiés et leur réinstallation au niveau des localités frontalières pour mieux contenir les flux et les desideratas de ces derniers dont la cohabitation avec les populations hôtes n’est pas très facile.
A la question de savoir s’il y a une plateforme des partenaires qui peuvent relayer les Agences de mise en œuvre existantes, Mohamed Anacko a indiqué que le point d’achoppement avec ces structures, c’est l’alignement aux outils de planification et la porte d’entrée la mieux indiquée en matière de développement dont le contexte assure le portage pour sa vocation régalienne.
A noter qu’au lendemain de cette rencontre, la délégation a été reçue par le Président de la République, Mohamed Bazoum, où la Ministre du Commerce Extérieur et de la Coopération au Développement avait indiqué que le Niger et les Pays-Bas entretiennent de « très bonnes relations » dans divers domaines, notamment la sécurité et la migration. Domaines dans lesquels son pays, souligne-t-elle, investis 40 millions d’euros par an au Niger. Par ailleurs, selon elle, les deux pays ont convenu d’avoir des consultations bilatérales de haut niveau dans les mois et années à venir pour renforcer davantage la coopération.
